Anecdotes sampontoises et vielles photos

Photo : foot les vieux contre les jeunes, Suesser Kiirmes , 1941

Edmond Clesse, le père de Simone, au centre, portant bretelles.

La vie rurale

Le bœuf et le cheval de trait.

Un jour, le voisin d'Edmond vient le chercher.

- Dis Edmond, tu peux venir avec ton bœuf ? Mon chariot est enlisé dans le marécage.

- D'accord je viens.

Le chariot, chargé de roseaux séchés, qui serviront de litière pour les vaches pendant l'hiver était en effet embourbé et le cheval n'arrivait pas à le dégagé car ses sabots s'enfonçaient dans la vase.

-Viens mon vieux, on va atteler ton bœuf avec le cheval.

-Non, laisse faire, dételle le cheval et je mets le bœuf à sa place.

-Quoi ? mais ça ne marchera jamais!

- On va essayer, tu verras.

Ainsi fut fait, sans charge, le cheval pu sortir du marécage de Sampont et le bœuf fut attelé au chariot.

-Allez Mori, hue !

Lentement, très très lentement, presque centimètre par centimètre, le puissant bœuf tira et réussit à dégager le chariot.

Les pieds du bœuf, plus larges s'enfonçaient moins facilement dans la boue.

-Incroyable, tu as réussi !

-Brave Mori, tu as bien mérité une petite récompense d'avoine, et le cheval aussi.

Pendant la guerre 40-44

Cachons nos récoltes.

Pendant l'occupation, des contrôleurs allemands passaient par surprise dans le village pour contrôler l'état des récoltes et du bétail. Ils prélevaient une part pour nourrir leurs troupes, et calculaient au plus juste la part qui reviendrait à la famille pour lui permettre de subsister. De ce fait, les villageois faisaient preuve d'astuce pour essayer de soustraire une partie de leurs récoltes à l'ennemi.

Edmond avait muré une petite pièce dans laquelle il avait stocké un gros tas de pommes de terre, ne laissant qu'une petite ouverture dans le mur, tout en bas, masquée par une bordure peinte en noir.

Les cultivateurs plantaient un carré de pommes de terre au milieu de leur champ de blé ou de céréales, afin qu'il soit invisible de la route.

Si le contrôleur était aperçu à l'entrée du village, les enfants étaient envoyés de toute urgence prévenir tout le monde afin que l'opération "cachons nos récoltes" soit menée. Ainsi même si la première maison du village n'avait pas le temps de réagir, le reste était averti. La solidarité marchait à fond à Sampont.

Lors de ce genre d'alertes, Simone, âgée alors d'une dizaine d'années, partait avec les quelques cochons qu'ils élevaient en cachette et les menait derrière un fossé, dans un petit bois à une centaine de mètres de la maison. Elle y restait jusqu'à ce que ses parents l'appellent, après le contrôle.

Les soldats à la ferme.

Lors de l'avancée des troupes, il arriva que des soldats allemands campent dans les fermes des villages traversés.

Ainsi quelques uns s'étaient installés avec un camion dans le verger des "Klesen" (famille Clesse). Le camion bloquait la balançoire pendue à une branche de pommier. Qu'à cela ne tienne, la petite Simone monta sur sa balançoire, et utilisa le camion pour se donner de l'élan. Boum, boum faisaient ses pieds contre la tôle. Le soldat, voyant cela, n'a rien dit mais il a déplacé le camion. La fillette pouvait à nouveau s'amuser.

Un très jeune soldat qui campait derrière la ferme, a "craqué" le jour du départ. Il pleurait, ne voulant pas retourner à la guerre, et supplia Edmond de le cacher. Malheureusement les gradés passaient dans la rue et l'on emmené avec eux. Personne ne sait ce qu'est devenu ce jeune soldat allemand.

Un autre allemand affecté à la réparation de la voie ferrée, qui avait subi un sabotage, a pensé trouver un moyen de se faire réformer. Il a laissé sa main par terre alors que le rail retombait. Il espérait se faire écraser la main et ainsi ne plus être capable de tenir un fusil. Un réflexe incontrôlé lui a fait retirer la main au dernier moment, seuls deux doigts furent écrasés. Son chef l'a considéré capable de continuer à se battre et il fut obligé de partir avec la troupe.